
Elles sont nées en Europe Centrale comme « petites sœurs » des constellations familiales. Depuis la fin des années 80, on avait constaté que cet outil montrait une grande efficacité dans la résolution de certains problèmes ayant leur origine dans la famille. Dépressions, incapacité de vivre la vie avec espérance, problèmes avec les enfants et avec les parents, difficultés dans les relations de couple, etc., acquéraient une nouvelle compréhension et des mouvements effectifs vers la solution lorsque l’on créait un cadre dans lequel ces questions étaient représentées sur une espèce de scène, et celui qui en souffrait voyait de ses propres yeux quel était le meilleur mouvement vers la solution.
Immédiatement, certains ont proposé que, si cette technologie était utile pour résoudre des difficultés dans un système comme celui de la famille, pourquoi ne pourrait-on pas l’utiliser pour étudier les problèmes qui se présentent aux entreprises et aux organisations ? Et on a pu vérifier que cela fonctionnait également. Toutes sortes de problèmes acquéraient une compréhension nouvelle à la lumière des constellations organisationnelles. Mais, qu’est-ce que cet outil apportait de nouveau ?
Le procédé
Sans aucun doute, la méthodologie elle-même de la constellation était surprenante, et continue encore d’intriguer plus d’une personne. Dans une constellation, on demande au client qu’il « représente » spatialement son problème ou difficulté. Si par exemple il s’agit de difficultés de motivation ou de communication dans un département après une fusion avec un autre, on va lui demander qu’il choisisse des représentants (des personnes) pour chacun de ces départements et, également dans ce cas, de quelques personnes significatives : des employés, le directeur du département, le directeur général, et même l’entreprise et les clients de celle-ci. Il ne s’agit pas que ces représentants s’imaginent ou se pensent comme le directeur général ou comme le département de production de cette entreprise. Pour commencer, les représentants dans une constellation n’ont besoin de rien savoir de l’organisation « réelle ». Et cependant, ce qui est remarquable dans la méthodologie des constellations, c’est que ces personnes, disposées dans une salle afin de représenter ces éléments, vont ressentir des sensations : d’attraction, de rejet, des désirs de se déplacer dans une direction ou une autre, du froid, de la chaleur, du bien-être ou du mal être etc., qui curieusement correspondent à ce qui se produit dans l’organisation réelle. Mieux encore, ce qui se produit ,dans cette « représentation » permet d’accéder à des clés de solution qui jusque là étaient inaccessibles au client : celui-ci, en « voyant » représentée cette image de son organisation, parvient à accéder à cette clé.
Comment se produit un tel phénomène ? Sur quoi repose cette expérience ? C’est la question que l’on me pose à chacune de mes sessions de travail en constellations organisationnelles. Encore aujourd’hui, le phénomène de la « perception représentative » (c’est ainsi qu’on l’appelle) continue à être l’objet de recherches et d’études scientifiques. Jusqu’à maintenant, l’hypothèse la mieux acceptée est qu’il s’agit, comme son nom l’indique, de certaines capacités perceptives que nous avons tous, et qui, dans certaines conditions – le contexte de la constellation – se mettent à fonctionner. Autrement dit, comme Michel Polanyi l’affirme, nous savons tous plus que ce que nous croyons savoir ; il y a une grande quantité de connaissance implicite et tacite qui se trouve là, dont nous ne nous rendons pas compte immédiatement et qui nous échappe, mais qui a beaucoup à voir avec la compréhension profonde des problèmes qui nous préoccupent. Les constellations organisationnelles, avec leur méthodologie particulière, parviennent à créer un langage qui se représente dans l’espace (dans une salle), qui est compris par le groupe (par tous ceux qui participent avec le client et sa question), et par lequel on accède à cette connaissance tacite, très proche de l’expérience, et qui a tant à voir avec la solution de nombreux problèmes.
En fait, la méthodologie particulière des constellations est seulement l’enveloppe externe de cette technologie. Avec tout ce que le procédé des constellations a de fascinant, le plus important ne réside pas dans le procédé en soi, mais dans les compréhensions profondes auxquelles accèdent les constellations. Le plus important des constellations, ce n’est pas comment elles se font, mais vers où elles nous amènent. Un texte de Shakespeare pourra être représenté dans le meilleur théâtre de Madrid en représentation de gala, avec des décors et des acteurs vêtus de façon luxueuse, ou avec des vêtements de ville dans le cadre d’une répétition, et même il pourra être lu dans une édition de poche distribuée gratuitement comme supplément de l’édition du dimanche d’un quotidien, et cependant, il continuera à être la même œuvre de théâtre. Peut-être que l’une de ces versions aidera davantage le lecteur ou le spectateur, mais malgré tout, elles reflètent toutes la même œuvre de Shakespeare, son contenu profond. De la même façon, les constellations peuvent « agir » dans une session d’atelier de groupe avec un client, une équipe ou divers membres d’une organisation, dans une session individuelle de coaching systémique, ou même sans constellation, en comprenant les dynamiques profondes qui nous sont révélées d’une entreprise ou d’une organisation. Mais alors : quelles sont ces compréhensions profondes que les constellations organisationnelles ont permis de montrer concernant le monde des entreprises et des organisations ?